jeudi 27 octobre 2011

De Lasswell à Lazarsfeld : la communication de masse

1)      Lasswell décrit le phénomène de la communication  par des questions fondamentales: Nous retrouvons alors toute la richesse des études sociales sur la communication. En effet, il se penche sur les différentes parties pour comprendre un tout.  Il s’inspire de l’idée d’Aristote qui définit les hommes comme étant des individus sociaux.  Ainsi l’approfondissement de l’étude de la communication des êtres humains nous permettrait de comprendre la société dans laquelle nous vivons.
-Prenons la microsociologie comme concept de base. Celle-ci se penche sur les individus et leurs interactions pour avoir une idée de la société dans laquelle ils évoluent.  La microsociologie suit ainsi le  paradigme selon lequel,  la somme des parties constituent un tout, ici une société.
Qui, dit quoi,  a qui, par quel canal et avec quels effets, se demande Lasswell. La réponse à ces questions nous permettrait de comprendre notre société.
-Lasswell se penche sur l’étude des médias de masse. (qui? )
-La question  dit quoi? Permet l’analyse du message, le contenue de celui-ci diffusé par un médium.  
- A qui?
 Lasswell est le premier à concevoir la communication de masse, et ce,  en ce demandant, à qui parle-t-on? Ces médias de masse ont pour qualificatifs de pouvoir s’adresser à plusieurs personnes en même; on parle alors de flux de communication globale.
On va alors voir évoluer, aux États-Unis, des enquêtes quantitatives  afin de voir ce que les gens veulent, on va définir qui va écouter quoi afin de mieux vendre les services et produits.
- Avec quels effets? Cette question présume qu’il y a des effets multiples suscités par un message. Prenons la  possibilité de se trouver dans une société fermée, dans laquelle le gouvernement a l’emprise sur tous les médias. Par exemple, la Chine qui censure certaines choses divulguées dans les médias. Ici Lasswell, tout comme le gouvernement chinois, présuppose qu’il est possible de créer un message  qui pourra influencer les usagers à croire-penser quelque chose. Ce qui est mis en évidence pas la censure, un message pourrait alors influencer la population chinoise et le gouvernement le censure par crainte d’effets négatifs suite à la diffusion du message. Lasswell répute que les médias auraient des effets sur les usagers et qu’il est possible de prédire l’effet qu’un message aura sur un certain public.
- Par quel moyen ou canal ?  Il y a transmission du message, par un médium et son canal.

2)      Les études de Lasswell ont fait naître celles de  la théorie béhavioriste qui œuvrent sous le paradigme positiviste et des effets de la communication.
- Pavlov étudie la notion de stimuli-réponse par le conditionnement. Ces études sont basées sur des expériences faites avec des chiens. Un stimulus, par exemple, une cloche, conduira à une réponse, une action, lorsque le sujet, ici le chien, a été, préalablement, conditionner par la répétition et l’association.
Conditionnement selon Pavlov, source en bibliographie


-J. Watson va plus loin et applique ces analyses sur un enfant,  le petit Albert. Il produit alors le schéma suivant : Information-stimuli- réaction.
Dans un aspect microsociologique, il conclue qu’on peut conditionner les gens et ainsi envisager leurs réactions. Et dans un aspect macrosociologique, on peut envisager qui peut influencer l’auditoire et à quel fin. (Souvent vu avec  les Hommes politique et la société)
-L’expérience de Milgram va encore plus loin en axant ces recherches sur le conditionnement possible par une autorité légitime, notamment les scientifiques.
On a vu que la transposition de cette expérience  dans une perspective plus moderne et dans le but de traduire l’importance de l’autorité médiatique (ex : jeu télévisé, La zone extrême) suscite un grand nombre de questions.
On peut se demander si l’usage des médias pourrait influencer directement le comportement humain? Et comment se fait une telle influence? Est-ce une influence directe et immédiate? Pour répondre à cette question,  je me base sur la théorie de 2step flow de Lazarsfeld. Ainsi, il n’est pas possible que l’influence des médias sur les gens soit directe ou immédiate. Lazarsfeld soutient que les effets des médias sont tempérés. Dans le jeu télévisée la zone extrême, et même dans l’expérience Milgram, les gens ont choisi et ont pris la décision de participer à la torture seul. Cependant il est vrai que les analyses soulignaient l’idée que ces individus avaient suivis une pression légitime de l’autorité en place, soit les scientifiques, ou la télévision.

«Zone extême» source en bibliographie

3)      Voyons en profondeur la théorie de Lazarsfeld : 2step flow :
-Les fondements de la théorie de Lazarsfeld  se jouent autour de la question de persuasion.
Pour ce faire, il se base sur deux sujets fondamentaux. Premièrement, éducation, à savoir dans un contexte de Seconde Guerre mondiale, peut-on voir un effet éducatif des medias. Et deuxièmement la mobilisation et donc comprendre comment des gens ont pu suivre sans jugement la propagande hitlérienne. Lazarsfeld critique, à travers ces travaux, la persuasion utilisée lors de la 2GM et l’Holocauste. Ainsi, l’analyse de la propagande et de la persuasion joue un rôle fondamental dans l’étude des médias de masse.
-L’image du 2step flow voit d’un coté les messages médiatiques qui ensuite seront repris par un intermédiaire,  un leader (ou groupe d’opinion) qui va filtrer les messages reçus en masse par la société  pour enfin  les transmettre à son entourage, le grand public. Ainsi  Lazarsfeld souligne que le message final n’est pas nécessaire le même que le message initial. La théorie du 2step flow met alors, l’emphase sur les leaders et groupes d’opinion.
Lazarsfeld a élaboré sa théorie afin d’analyser l’influence de la presse et de la radio sur les opinions politiques en période de campagne électorale.  Lazarsfeld a trouvé qu’il n’y avait pas de lien direct entre les media et les gens. Certes,  il y a une influence possible mais, il s’agit d’une influence limitée. On peut alors parler d’effets  tempérés  par des circonstances personnelles ou situationnelles. Ceux-ci dépendent à leur tour de variables de situation et de prédisposition  comme l'âge, l'histoire familiale, l'appartenance politique. Une jeune femme éduquée ne subira pas la même influence qu’une jeune fille venant à peine de finir le secondaire.
 -Nous remarquons ainsi, que Lazarsfeld, tout comme Lasswell,  se penche sur la question des effets des médias. Lasswell voyait des effets directs en mettant en image les médias comme étant des aiguilles hypodermiques, ce qui renforce le caractère agressif et direct d’un médium l’aliénant à la propagande. Ce modèle linéaire est trop simpliste et ne permet aucune rétroaction. Cependant, comme vu plus haut,  le modèle de Lazarsfeld (2stepflow) rappelle que les messages médiatiques vont vers les groupes d’appartenances qui ont à leur tête un leader d’opinion. Il suit donc l’idée que les messages initiaux peuvent être reçus de manière différente (il entreprend une typologie des effets) et que l’influence des médias est limitée.
-Selon moi, Lazarsfeld se situe au niveau du paradigme fonctionnaliste, puisqu’il se pose la question à savoir que font les gens des médias. Ainsi les gens donneraient des fonctions aux médias selon leur entourage et besoins.

Les médias, des aiguilles hypodermiques. Source en bibliographie


4)      Critiques de la théorie de Lazarsfeld :
-Le paradigme institutionnel est le premier à critiquer l’approche de Lazarsfeld. Selon eux, «Lazarsfeld considère les médias comme des agents de persuasion plutôt que comme des producteurs d'information, d'agenda, et d'« espace public » ce qui limite la notion de communication .(citation vu en cours  par Dr.Herrera Vega )  Selon eux, en généralisant ces résultats, Lazarsfeld opte pour une perspective trop étroite de celle-ci.
-Les institutionnalistes ne sont pas d’accord avec Lazarsfeld lors qu’il énonce que les medias définissent un agenda médiatique, un pouvoir qui leur permet de favoriser certaines nouvelles à la place de d’autres.  Lazarsfeld soutient que les médias disent au monde politique à quoi faut-il penser en attirant l'attention sur certains thèmes plutôt que d'autres. (gate keeping-agenda setting) Les institutionnalistes défendent à leur tour que  les medias sont plutôt des reporteurs de la réalité et qu’ils sont objectifs. Selon moi, la notion d’objectivité est idéaliste. Ce débat est encore d’actualité! Un grand nombre de personnes diront que les journalistes sont trop subjectifs ou ne traitent pas l’information de manière objective. Ce débat en d’autant plus évident lorsque l’on se penche sur le travail des ombudsmans de Radio-Canada, par exemple. Ces derniers reçoivent un grand nombre de plaintes, dont certaines traitants de la subjectivité de certains propos de journalistes.

-Pour ma part,  il me semble que les medias filtrent l’information, ils sélectionnent certains évènements. Par ce fait, il créé une réalité médiatique. Et ce, par nécessité de limiter la quantité d’information ou pour dans un cas plus grave faire du sensationnalisme. (Répéter la même information mettant en emphase certaine composante qui permettrait de susciter des émotions aux gens)  Je  dirais que les médias et les gens s’influence mutuellement puisque des facteurs externes (tel que une manifestation importantes) et des facteurs internes aux médias ( le gate keeper, idéologie politique, sociale d’un médium en particulier) ont une part importante lorsqu’il s’agit de définir l’agenda d’un médium. De plus je favoriserais davantage le modèle d’effets limités de Lazarsfeld.  Il se peut qu’un médium influence directement une personne, cependant, celle-ci devrait être en position de pouvoir reconsidérer ces influence en discutant avec son entourage, en s’informant au près de paires davantage expérimenté en la matière  en question. Prenant l’exemple de qui a connu une grande couverture médiatique des médias nord-américain; Kadafafi était vu par plusieurs médias comme étant un être abominable et insoucieux de son peule. Étant constamment influencé par cette idée, j’ai commencé à adhéré cette vision anti-kadafiste. Cependant après avoir discuté avec un ami Libyen qui était aussi anti-kadafiste, mais qui avait une vision davantage ouverte à l’égard de cet homme, a influencé mon opinion. Certes, il est vrai que les médias m’auraient influencé directement, cependant mon entourage a su m’aider à peser mes idées et les a les contrebalancer ne serait ce qu’un peu. Cette idée d’imaginer possible qu’une personne puisse après avoir été directement influencé (court terme) est en mesure de pouvoir peser ou changer complètement son avis suite à des discussions avec son entourage, est selon moi très importante. Les humains sont des êtres influençables mais ils ont la capacité de pouvoir faire un retour sur eux même et changer d’idée grâce à leur entourage. 

Bibliographie :

BERNIER, Marc-François, L'ombudsman de Radio-Canada: protecteur du public ou des journalistes?, Québec, PUL, p. 151-210

Beauvois, Jean-Léon, « Pouvoir de la télévision : le jeu de la mort, l’expérience des chocs électriques», http://liberalisme-democraties-debat-public.com/spip.php?article112, le 27 octobre 2011.
GINGRAS, Anne-Marie, Médias et démocratie : Le grand malentendu, Québec, PUL, 1999, chapitre 1
Anonyme, «Ivan Pavlov» http://www.ivanpavlov.com/, le 27 octobre 2011